Dictionnaire Samoa-Francais-Anglais et Francais-Samoa-anglais : precede d'une grammaire de la langue samoa
Chapitre V. — Du Verbe
Chapitre V.
Du Verbe.
Art. I. nature et modifications du verbe.
§ 1. — Nature du verbe.
Le verbe est un mot qui exprime l'état ou l'action des personnes ou des choses.
§ 2. — Des modifications du verbe.
1°.— Des nombres et des personnes du verbe. — Il y a en Samoan, comme en français, les trois personnes dans les deux nombres singulier et pluriel et, en outre, dans le duel.
singulier | pluriel |
---|---|
1. Ou te galue, je travaille. | 1. Matou, tatou te galulae, nous travaillons. |
2. E te galue, tu travailles. | 2. Tou te galulue eal Travaillez-vous. |
3. O loo galue, il travaille. | 3. Latou te galulue, ils travaillent. |
Duel.
1. | Ma te galulue, nous travaillons tous deux (exclusiv.). Ta te galulue, nous travaillons tous deux (inclusiv.). |
2. | Lua te gahilue, vous deux vous travaillez. |
3. | La te galulue, eux deux travaillent. |
2°.— Des temps du verbe. — On distingue en Samoan les trois grandes phases du temps, le présent, le passé et l' avenir (futur); mais on ne saurait trouver exprimées dans ce langage toutes les autres divisions que l'on rencontre dans les grammaires françaises. Souvent, la tournure de la phrase y supplée.
1°. | Présent: Ou te galue, je travaille; ou te faitau, je lis. |
2°. | Imparfait: Sa au savali, je marchais. |
3°. | Parfait définì: Ua au alu i Apia ananafi, j'allaì hier à Apia. |
4°. | Parfait: Ua au faàuma la ta galuega, j'ai achevé mon travati. |
5°. | Plus-que-parfait. Il est exprimé par le passé et l'adverbe quand. Ex. : Ua uma lana galuega, peà sau lona lamá, il avait achevé quand son pére est arrivé. |
6°. | Futur: Ou te alu...; le contexte ou un adverbe de temps exprime toujours l'idée de futurition, ce qui le distingue du présent. Ex. : Ou te ala taeao, je partirai demain. Ou te alu i se aso, je partirai un jour, plus tard. Remarque. — Le signe ordinaire du futur est e. Ex. : E sau, il viendra. E le oò lea mea, ceci ne s'accomplira pas, n'aura pas lieu. |
7°. | Futur antéiueur : E uma la ta galuega, peà e sau, j'aurai fini mon travail, quand tu viendras. |
3°.— Des modes du verbe.— On entend par modes d'un verbe les manières différentes d'ètre ou d'agir exprimées par ce verbe.
Art. II. — des diffÉrentes sortes de verbes.
On peut diviser les verbes en personnels et impersonnels.
§ 1. — Des verbes personnels.
Les verbes personnels sont ceux dans lesquels les trois personnes peuvent être sujet.
Parmi ces verbes on distingue les verbes actifs, les verbes passifs, les verbes neutres et les verbes réfléchis.
Remarques
. —§ 2. — Des verbes impersonnels ou unipersonnels.
Ces verbes n'ont que la troisième personne. Ex. : Anei e ua, probablement il pleuvra; ua laofìe, il fait beau temps; ua faàtitilì, il tonne; e i ai, il y a; etc.
Art. III. — de la conjugaison.
Conjuguer un verbe, c'est l'écrire et le réciter avec tous ses modes, ses temps, ses nombres et ses personnes.
Remarque. — Outre les inflexions et les désinences de la racine, les signes qui la précèdent jouent le rôle principal en Samoan, ce qui est un point de ressemblance bien marqué avec l'anglais.
§ 1. — Des verbes auxiliaires.
Il est comme impossible d'établir une comparaison entre les signes qui, en Samoan, jouenl le rôle de nos verbes auxiliaires être et avoir et ces deux verbes français.
Presque toujours ces signes se trouvent tellement incorporés au verbe principal, que si l'on essaie de les en séparer, il est impossible de conjuguer. C'est un mécanisme différent.
§ 2. — Conjugaison des verbes réguliers, voix active.
présent | Imparfait |
---|---|
ou te la, je coupe. | sa au ta, je coupais. |
e te la, tu coupes. | sa e ta, tu coupais. |
o loo ta, il coupe. | sa ta ia, il coupait. |
matou te ta, matou ta
nous coupons |
sa matou ta, nous coupions. |
tou te ta, vous coupez. | sa outou ta, vous coupiez. |
latou te ta
ils coupent. |
sa latou ta, ils coupaient. |
duel | duel |
---|---|
ma le ta, ta te ta
nous coupons tous deux. |
sa ma ta, lui et moi, nous coupions. |
lua te ta, vous coupez tous deux. | sa ta ta, toi et moi, nous coupions. |
la te ta, ils coupent tous deux. | etc..., etc..., etc... |
Impératif
- ta, ta ia ou ina ta ia, coupe.
- latou ta, coupons.
- ina outou ta, coupez.
- ina latou ta, qu'ils coupent.
duel
- ina ta ta ia, coupons tous deux.
- ina lua la, coupez tous deux.
- ina la ta, qu'ils coupent tous deux
parfait
- ua au ta, j'ai coupé.
- na au ta, j'ai coupé.
- na e ta, tu as coupé.
- na ia ta, il a coupé.
- na matou ta, nous avons coupé.
- na outou ta, vous avez coupé.
- na lutou ta, ils ont coupé.
duel
- na ma ta, lui et moi avons coupé.
- na ta ta, j toi et moi avons coupé.
- na oulua ta, vous avez coupé tous deux.
- na la ta, ils ont coupé tous deux.
Remarque. — Avec la tournure conditionnelle si, le parfait remplace le conditionnel français ou le plus-que-parfait du subjonctif. Ex. : A na ua sau, poo ua au ta, s'il fût venu, j'aurais ou j'eusse coupé.
subjonctif.
Présent.—Comme le subjonctif ne désigne l'existence ou l'action, qu'en la subordonnant à un motif, à une condition, à un souhait, à une possibilité, etc, il prend différentes particules selon les différents motils, les différentes conditions auxquelles il est subordonné. Ex. : Je souhaite qu'il rejoigne sa troupe, ou te tatalo ia maua lana malaga; quoique vous soyez robustes, e ui ina tou te malolosi; de peur qu'il n'en soit malade, nei tupu sona mai; afin qu'on ne dise pas, nei fai mai.
Parfait.— Le parfait du subjonctif s'exprime comme le parfait de l'indicatif. Ex. : il n'est point venu, quoique je le lui aie ordonné, e lei sau, e ui ina na au poloai i ai.
Plus-que-parfait. — Le plus-que-parfait du subjonctif s'exprime comme le parfait de l'indicatif; c'est la tournure du premier membre de la phrase qui fait de ce dernier un équivalent de notre plus-que-parfait du subjonctif. Ex. : A na ua ia te au se toi, poo ua au galue, si j'avais eu une hache, j'aurais travaillé.
Imparfait.— L'imparfait du subjonctif s'exprime comme l'imparfait de l'indicatif. Ex. : Ua sola, e ui ina sa au taofì, il s'est enfui quoique je l'arrêtasse.
De la formation des temps simples.
§ 3. — Conjugaison des verbes passifs.
Alofaina, être aimé.
Indicatif Présent.
pluriel
1 | p. ua matou alofaina, nous sommes aimés. |
2 | p. ua outou alofaina, vous êtes aimés. |
3 | p. ua latou alofaina, ils sont aimés. |
singulier
1 | p. ua au alofaina, je suis aimé. |
2 | p. ua e alofaina, tu es aimé. |
3 | p. ua alofaina ia, il est aimé. |
Imparfait.
pluriel
1 | p. sa matou alofaina, nous étions aimés. |
2 | p. sa outou alofaina, vous étiez aimés. |
3 | p. sa latou alofaina, ils étaient aimés. |
singulier
1 | p. sa au alofaina, j'étais aimé. |
2 | p. sa e alofaina, tu étais aimé. |
3 | p. sa alofaina ia, il était aimé. |
Subjonctif Présent.
ia ou alofaina. que je sois aimé.
ia matou alofaina, que tu sois aimé.
etc., etc. etc.
Il ne faut pas oublier le duel aux trois personnes : voyez conjugaison des verbes réguliers, voix active.
Remarque. — Quand il y a opposition, on place le pronom personnel après le verbe. Ex. : nous étions hais, mais vous, vous étiez aimés, sa matou inosia, aè sa alofaina outou.
§ 4. — Conjugaison des verbes neutres.
Tout verbe neutre se conjugue activement en Samoan. Il y a, comme en français, des verbes actifs qui deviennent neutres, étant privés d'un objet sur lequel ils opèrent. Ex. : écrire une lettre, tusi se tusi; il écrit bien, o loo tusi lelei.
§ 5. — Des verbes réfléchis.
Il y a très-peu de verbes qui ont la forme réfléchie. Elle est remplacée par plusieurs tournures différentes. Ainsi, au lieu de dire : il se fâcha, l'on dit : il était, il fut en colère. Au lieu d'employer un verbe réfléchi, comme en français, pour exprimer le verbe se baigner, on se sert d'un verbe neutre, taele, se baigner, qui peut même devenir actif; car on dit : taele le manuà, laver la plaie; il se cassa la jambe; ua gau lona vae, mot à mot : il cassa sa jambe.
La plupart des verbes que nous appelons réfléchis sont exprimés en Samoan par un verbe neutre : se repentir, salamô; se hâter, taalise.
§ 5. — Conjugaison négative.
Pour conjuguer un verbe négativement, il suffit d'ajouter à la conjugaison affirmative, immédiatement avant le verbe, la particule négative le. Ex. :
Présent. | Futur. |
---|---|
Ou te le iloa, je ne sais pas. | Ou te le alu (taeao), je n'irai pas (demain). |
Matou te le iloa, nous ne savons pas. | Matou te le o, nous n'irons pas. |
Imparfait. | Passé. |
Sa au le iloa, je ne savais pas. | Au lieu de le, on met lei : |
Sa matou le iloa, nous ne savions pas. | Ou te lei tago i ai, je n'y ai pas touché. |
Duel.
ma, ta te le iloa, nous ne savons pas.
ta te le o ea? n'allez-vous pas?
ma te lei o i ai, vous n'y êtes pas allés.
sa la le iloa lava, nous ne savions pas du tout
la te lei faàlogo i ai, vous ne lui avez pas obéi.
§ 6. — Conjugaison interrogative.
Il y a deux manières de conjuguer interrogativement :
La première en mettant ea à la fin de la phrase. Ex. : e te galue ea, travailles-tu ?
La deuxième en mettant pe au commencement de la phrase. Ex. : pe e te ala, partiras-tu?
La première manière s'emploie pour esprimer lcs sentiments vifs, pour exciter l'attention, etc. On se sert de la seconde, quand on s'informe de quelque chose.
§7. — Des verbes irréguliers.
Le radical (on prend ordinairement l'infinitif pour radical, les grammairiens sont partagés) ne souffrant aucun changement dans la conjugaison samoane, on n'y connaît point de verbes irréguliers, tels que nous les avons en français, ou tels qu'ils sont en anglais.
La seule différence qu'on trouve entre les verbes dans la formation des temps, des modes et des personnes, c'est que plusieurs, aux trois personnes du pluriel, prennent un redoublement, comme signe du pluriel, et les autres n'en prennent pas. Encore cette différence paraît être ad libitum dans un bon nombre de cas, car l'on dit et l'on écrit également galue pour le singulier et le pluriel : Na outou galue ea? Ioe, sa matou galulue. Cependant galulue est plus correct, grammaticalement parlant.
§8. — Des verbes impersonnels ou unipersonnels
E i ai, il y a. | e le ai, il n'y a pas. |
sa i ai, il y avait. | sa le ai, il n'y avait pas. |
na i ai, il y eut. | e lei ai, il n' y eut pas. |
e i ai, il y aura. | ua lei ai, il n' y eut pas. |
ina i ai, (afin) qu'il y ait. | e lei ai, il n'y aura pas. |
nei ai, de peur qu'il n'y ait | e ui ina sa i ai, quoiqu'il y eût. |
e ui ina sa le ai, quoiqu'il n'y eût pas. |
pe ai? pe o i ai? y a-t-il?
pe sa i ai ? y avait-il ?
pe na i ai ? y eut-il ?
pe e i ai ? y aura-t-il ?
e le ai ea ? n'y a-t-il pas ?
sa le ai ea? n'y avait-il pas ?
Art. IV. — des compléments des verbes.
Les verbes actifs veulent leur complément direct à l'accusatif, tantôt avec i et tantôt sans i. Ex. : Ou te manaò i se naifi, je désire un couteau; ou te fia faàtau se naifi, je désire acheter un couteau.
Les compléments indirects se mettent au datif et à l'ablatif. Ex. : na au tautala ma ia i le taua, je lui ai parlé compl, ind.
de la guerre; ua au faàaii ia te ia lona sesê, je lui ai compl, ind.
montré son erreur; ua alofaina e ona àiga, il est aimé compl, ind.
de ses parents; ua au maua lenei naifi i la ta galuega, compl, ind.
j'ai obtenu ce couteau par mon travail.