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Historical Records of New Zealand Vol. II.

Suite du Journal de Pottier de l'Horne. — Recit de la mort de M. de Surville

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Suite du Journal de Pottier de l'Horne.
Recit de la mort de M. de Surville.

(Récit presque indentique fait par M. Labé dans son Journal de bord.)

A Midi, il nous arriva une chaloupe de Callao avec un renfort de matelots espagnols sous les ordres du capitaine d'un des vaisseaux qui étaient dans cette rade, lequel capitaine nous apprit la mort de M. de Surville et des deux matelots blancs qui étaient avec lui dans le bateau avec lequel il avait été à Chilca, mais que le timonier indien s'était sauvé et avait porté à terre le flacon dans lequel était le paquet que M. de Surville avait préparé pour le faire porter au Vice-Roi à Lima et voici les circonstances que j'ai apprises de la mort de M. de Surville rapportée par le timonier à son retour à bord du vaisseau.

Lorsque M. de Surville fut à une certaine distance du rivage, il reconnut qu'il était impossible d'aller plus loin et demanda à ce timonier s'il se croyait capable d'aller à terre, lequel répondit à ses désirs et se jeta tout nu à l'eau, mais le flacon le génait si fort, qu'il fut assez heureux de rompre la ficelle qui le tenait à son col, cet homme s'avisa de regarder le bateau en nageant vers la terre; il le vit renversé, aperçut M. de Surville et les deux matelots à la nage, cherchant à gagner

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la terre avec les plus grandes efforts, mais tous les trois périrent parce qu'ils ne purent se débarrasser de leurs vêtements. Enfin le timonier eut le bonheur d'arriver au bord du rivage épuisé de fatigue, et revenu à lui-même, le hasard lui fit trouver le flacon et le chapeau de M. de Surville qu'il porta au curé qui lui fit donner des vêtements et conduire à Lima où il remit le tout au Vice-Roi, qui, après avoir fait lecture parut, dit-on, fort sensible à l'accident arrivé a M. de Surville.

M. de Surville, avant de quitter le bord, avait laissé l'ordre à M. Labé d'appareiller s'il tardait jusqu'au lendemain, ce qui fut fait, comme il est dit, le 9.

On ne saurait exprimer la tristesse qu'une mort aussi inattendue a répandu généralement sur tout l'équipage: un coup de foudre n'ent pas causé plus d'effet. Get accident est d'autant plus touchant que M. de Surville touchait au moment de couronner, une entreprise pour laquelle il avait éprouvé beaucoup de fatigues; ce coup fatal qu'il ne pouvait prévoir nous l'a enlevé et ne nous laisse aucune ressource pour finir notre opération dont la réussite dépendait de lui seul.

M. Labé, ler Lieutenant, remplace M. de Surville en prenant le commandement du vaisseau, cette charge est aussi épineuse qu'inattendue, vu que M. de Surville n'avait communiqué à personne de l'Etat-Major ni ses intentions, ni ses instructions; il faudra bien des ménagements dans toutes les démarches qu'on aura à faire dans ce pays, car malgré l'état d'indigence qui nous a obligés à y venir je crois entrevoir que nous paraissons suspects à messieurs les Espagnols.

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Enfin vers les 8 heures ½ du soir, nous avons mouillé notre grande et unique ancre par 8 brasses, fond de vase, couleur d'olive et avons affourché tout de suite avec une ancre à jet et un grelin qui nous est venu de terre.

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Sitôt que le soleil a été levé, nous avons salué la citadelle du Callao de 15 coups de canon, laquelle ne nous en a rendu que 7, apres quoi nous avons apiqué toutes vergues en sens contraire, mis le pavilion à ½ mât et tiré un coup de canon en deuil chaque 5 minutes pour les funérailles de M. de Surville. A 8h notre aumônier a chanté une messe de requiem après laquelle nous avons fait un salut de 15 coups de canons.

[Fin de l'extrait du journal de Pottier de l'Horne.]